I – La naissance de la société de consommation grâce aux Trente Glorieuses

A- Présentation d'une croissance accompagnée.

L'expression « Les Trente Glorieuses » créée par un économiste français : Jean Fourastié ( 1907-1990 ) désigne une forte période de croissance économique connue par la France ainsi que les pays industrialisés entre 1945 et 1975. Au sortir de la Seconde Guerre Mondiale, la France est un pays exsangue où tout est à reconstruire. Une grande partie des infrastructures sont détruites et le système productif est désorganisé voire inutilisable. Cette période est marquée par un impératif de reconstruction, un plein-emploi, une expansion démographique ( le baby boom ).
Les Trente Glorieuses furent porteuses de profonds changements économiques et sociaux, aussi elles marquent le passage des sociétés Européennes à des sociétés de consommation.
1- Le plan Marshall

Au sortir de la guerre, le système monétaire international est à reconstruire. Pour cela en juillet 1944, les 44 pays participants à la conférence de Bretton Woods se réunissent aux États-Unis. A l'issue de la rencontre, deux institutions sont crées : le FMI ( Fond monétaire international) et la BIRD ( Banque Internationale pour la reconstruction et le développement, appelée aussi Banque mondiale). Ces deux institutions ont pour objectif d'assurer la reconstruction et le développement économique du monde après le Seconde Guerre. Lors de cette conférence, Le dollar est instauré comme monnaie de référence. En plus de ces institutions est créé le GATT ( General Agreement on Tarifs and Trade : Accord Général sur les Tarifs et sur le Commerce). Cet accord a pour objectif de diminuer successivement les tarifs douaniers ce qui permet de favoriser les échanges internationaux. Le GATT contribue à l'expansion économique des pays industrialisés.
De plus, la croissance s'accompagne d'une importante assistance financière américaine. Le 5 juin 1947 le général Georges Marshall annonce dans son discours sa volonté d'aider les pays européens dévastés par la guerre. Grâce à ce plan Marshall, la France reçoit trois milliards de dollars. Pour les États-Unis, ce don doit servir à reconstruire l'économie européenne ainsi qu'à conquérir de nouveaux débouchés. Ce plan a aussi un objectif politique qui est d'endiguer la progression de l'influence communiste sur le Vieux Continent
2- Les nationalisations et la planification.

Cette période est ensuite accompagnée par le poids croissant de l'intervention de l'État dans le système productif, au moyen d'importantes nationalisations dans l'industrie ( Renault ), ou dans le domaine bancaire ( le crédit lyonnais ). L'État devient un acteur économique de premier plan. De plus le pouvoir public lance une politique industrielle qui consiste à soutenir les secteurs qui deviennent le moteur de la croissance ( aéronautique, automobile, industries mécaniques et électriques. ). Une planification souple est instaurée, les états savent réguler la conjoncture avec les moyens dont ils disposent dorénavant. En cas de ralentissement de la croissance, les pouvoirs publics réduisent les taux d'intérêts ou augmentent les dépenses budgétaires pour relancer la consommation. La France est aussi marquée par la mise en place d'un État-providence. La sécurité sociale et un salaire minimum sont instaurés ce qui augmente le pouvoir d'achat des français et permet de soutenir l'activité.
B- Les facteurs de la croissance.

1- L'offre

L'économie capitaliste répond à une loi : celle de l'offre et de la demande.
L'expansion de la croissance est possible grâce à une meilleure organisation des processus de production, inspirée par le Fordisme et le Taylorisme ( travail à la chaîne, standardisation, chronométrage... ), ainsi que le progrès technique permettant de gagner en productivité. L'ouvrier spécialisé, formé à une seule tâche, supplante l'ouvrier qualifié ce qui offre à l'entreprise un gain de temps et un gain d'argent ( l'ouvrier spécialisé est payé moins cher que l'ouvrier qualifié). Quant au progrès technique, il permet aux entreprises de produire plus pour moins cher. En conséquence, il y a obligation de créer de nouvelles usines conduisant à employer de millier d'ouvriers. L'usine de Boulogne-Billancourt en est un exemple. Ainsi, dès 1949, la production de biens retrouve son niveau d'avant guerre. De plus, l'offre bénéficie des progrès scientifiques réalisés au cours de cette période. L'industrie militaire mais surtout l'industrie civile bénéficient de la course aux armements liée à la guerre froide. Par exemple, la conquête spatiale permet de faire des découvertes et ensuite de déposer des brevets. Ces brevets sont devenus des innovations accessible aux consommateurs comme les transistors. En conséquence, ces innovations permettent aux entreprises d'améliorer sans cesse leur productivité. Enfin, il faut une main d'œuvre, des matières premières et une énergie peu onéreuses pour baisser les coûts de production. Le pétrole sera la solution pour l'énergie. L'extraction de matière première contrôlée par les pays industrialisée doivent maintenir des pris faibles d'autant plus que les coûts de transports ont fortement baissés. Pour la main d'œuvre, les industriels compte sur les pays développés. Et pour ce qui concerne la main d'œuvre peu qualifiée, un appel est fait à l'immigration originaire du Tiers-Monde. C'est ainsi que des milliers de Maghrébins ont quittés leur pays pour s'installer et travailler en France en tant qu' ouvrier spécialisé.
Durant cette trentaine d'année, l'offre sait s'adapter, répondre et même susciter une demande toujours plus importante.
2- La demande.

Durant Les Trente Glorieuses la demande est constamment en expansion, ce pour plusieurs raisons. Dans un premier temps, le nombre de consommateurs augmentent. En effet la natalité des pays développée a considérablement augmentée depuis la fin de la seconde guerre mondiale. C'est le Baby boom. La fécondité des pays industrialisés dépasse les 2,1 enfants par femme. En conséquence, un surplus de consommateurs se fait ressentir dans les années 60. Dans un second temps, les échanges se développent. Les entreprises conquissent de nouveaux marchés étrangers, ce qui augmente aussi le nombre de consommateur. En effet, l'internationalisation de l'économie permet aux entreprises d'élargir leurs marchés. Ainsi, durant cette période le volume des exportations a cru plus vite que celui de la production. Cette internationalisation est due à la baisse des tarifs douaniers ainsi qu'à la baisse des coûts du fret. Par exemple le fret aérien pour Paris- New York était de 18 heures avec un maximum de 50 passagers en 1950 alors qu'en 1970, le Boeing 747 transporte 400 passagers est met 7 heures pour réaliser la même distance. Dans un dernier temps, Le pouvoir d'achat augmente. Les consommateurs développent leur propension à consommer. La généralisation des pratiques publicitaires permet ce maintient. Le pouvoir d'achat des salariés a donc fortement augmenté durant cette période. Pour illustrer, en 1948 il fallait gagner un salaire équivalent à 2652 heures de travail pour acheter une Citroën 2 CV alors qu'en 1974 il ne faut plus que 1035 heures de travail. Le pouvoir d'achat est multiplié par 2. Cette multiplication s'effectue grâce à Citroën qui a baissé la valeur de ses voitures du à ses gains de productivité. De plus une part des bénéfices des entreprises est reversée sous forme d'augmentation de salaire, d'autant plus que les organisations syndicales n'ont jamais étaient aussi puissantes. Cette période est aussi une période de plein-emploi. La main d'œuvre est plus rare ( taux de chômage a seulement 2-3%) ce qui permet aux salariés de négocier avec la patronat en position de force. La mensualisation permet aux salariés de dégager de plus grosses sommes pour sa consommation. Si l'argent vient à manquer, le développement du crédit permet de poursuivre la consommation.

C- La France devient une société de consommation.


La société de consommation est connue chez les américains depuis l'avant-guerre. La France connait cette situation que dans les années 60. Cette société de consommation se développe grâce à l'influence culturelle des État-Unis mais surtout en raisons des nouvelles conditions de vie. Dès les années 50, suite à la fin de la reconstruction de l'Europe, les ménages français suivent le modèle américain et investissent dans un équipement ( lave-linge, téléviseur, réfrigérateur... ) Tout pousse à la consommation: la réclame, l'accès au crédit, les supermarchés... La consommation n'a pas que pour but de satisfaire les besoins, elle est aussi une sorte d'affirmation sociale.
En conséquence, ces habitudes transforment complètement la famille. La femme consacre plus de temps à l'éducation des enfants, à ses loisirs, ou elle cherche à entrer dans la vie active. Le budget familial a lui aussi changé. L'équipement, la santé, les loisirs prennent une part croissante dans les dépenses des ménages. La société de consommation marque le bien-être de la nation mais engendre une uniformité des comportements. Le bien-être ne peut se résumer à l'acquisition d'un réfrigérateur ou autre. Pour de nombreux pays comme la France, Les Trente Glorieuses signifient l'entrée dans le monde moderne.
D- Les déséquilibres et les limites de la prospérité.

1- Une croissance inégalement partagée.

Tout d'abord, cette croissance est inégalement partagée à l'échelle planétaire. Tous les pays n'ont pas contribué à la croissance mondiale. La croissance du PNB mondial se résume à la croissance des 6 pays les plus riches qui sont les États-Unis, le Japon, l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni et l'Italie. A eux, ces pays constituent 2/3 du PNB mondial. Une partie du monde n'est donc pas concernée par cette la croissance des Trente Glorieuses. Et c'est d'ailleurs à partir de cette période que l'on commence à parler du Tiers-Monde. En effet, si on mesure la croissance connue par les pays à économie de marché en fonction de l'accroissement démographique on remarque que le PNB par habitant n'a que faiblement augmenté dans la plupart des pays africains, dans quelques pays d'Amérique Latine et d'Asie. De plus la prospérité des pays développés se fait au dépens des pays du Tiers-Monde puisque le cours des matières premières est resté très bas durant cette période. Les pays du Tiers-Monde sont maintenus dans une dépendance économique et subissent des changes très défavorables. Ensuite, des inégalités s'observent à l'échelle nationale. C'est la cas pour des régions rurales victime de la déprise ( départ des ruraux et des activités agricoles ) comme le Limousin en France, le Mezzogiorno italien. Et puis à l'intérieur des pays les plus riches, les Trente Glorieuses n'ont pas fait disparaître la pauvreté. Il n'y a certes peu de chômage mais il subsiste de la précarité et de nombreux emplois mal payés. En France, les bidonvilles seront présents jusqu'au début des années 70. Les inégalités sociales restent donc très importantes surtout pour les pays n'ayant pas installé d'État-providence comme aux États-unis.